Clovis Trouille, peintre subversif, 1899-1975 «Je n'ai jamais travaillé en vue d'obtenir un grand prix à une quelconque Biennale de Venise, mais bien plutôt pour mériter dix ans de prison.» Clovis Trouille savait que son oeuvre n'était pas à mettre entre toutes les mains. Le risque, pourtant, était faible : ni le public ni la critique ne s'y sont beaucoup intéressés. De son vivant, une seule exposition lui a été consacrée, en 1963, à la Galerie Raymond Cordier à Paris : elle était interdite aux moins de 18 ans et aux plus de 70 ans. Les autres n'y venaient que sur invitation privée. Sur ses vieux jours, le peintre eut bien son quart d'heure de gloire, : Kenneth Tynan, un auteur de comédies musicales, lui offrit un bon paquet de royalties pour utiliser le titre de l'un de ses tableaux de 1946, Oh ! Calcutta, qui devint un spectacle érotique joué à l'Eden Theatre de Broadway à New York en 1969 avant de venir à Paris, à l'Elysée Montmartre en 1971, . L'épisode mit du beurre dans les épinards de l'artiste mais ne le fit pas changer d'avis : il n'a jamais considéré la pratique de son art comme un métier. «Il faut, disait-il, gagner de l'argent pour pouvoir vivre et peindre, mais jamais peindre en vue de gagner de l'argent. Un tableau fait seulement pour la vente est raté d'avance.» Clovis Trouille ne gagnera vraiment sa vie qu'à partir de 1923. Parler de peinture serait un bien grand mot, mais Clovis réalise déjà des caricatures et des illustrations pour des journaux amiénois. Il s'installe à Paris. Il est engagé par les ateliers Imans comme... peintre-maquilleur de mannequins, ceux que l'on voit dans les vitrines des magasins. Cet amateur de femmes y prend un plaisir extrême et, d'ailleurs, il restera quarante ans au même poste !
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